đșđŠ "Le grand cirque des accusations mutuelles": le point Ukraine du lundi 21 novembre
Bienvenue sur le numéro 227 de la newsletter du groupe Nice-Matin consacrée à la guerre en Ukraine.
Bonsoir,
âVous avez exĂ©cutĂ© nos soldatsâ, âEt vous, vous avez torturĂ© nos civilsâ. Câest Ă peu prĂšs le dialogue qui sâopĂšre entre Moscou et Kiev, depuis quelques jours, quand ils ne sâĂ©changent pas des balles, du cĂŽtĂ© de la centrale de Zaporijjia. Aujourdâhui, Moscou a montrĂ© les crocs et a promis de punir les responsables de la mort dâune dizaine de ses soldats, observĂ©e sur deux vidĂ©os. âUn crime de guerreâ, affirme le Kremlin. "Naturellement la Russie va rechercher elle-mĂȘme ceux qui ont commis ce crime. Ils doivent ĂȘtre retrouvĂ©s et punis", a dĂ©clarĂ© Ă la presse le porte-parole de la prĂ©sidence russe, Dmitri Peskov. âNaturellementâ, cette phrase bien que plus diplomate, nous rappelle celle de Poutine qui souhaitait âbuter (les terroristes) jusque dans les chiottesâ, en 1999, peu de temps aprĂšs son âopĂ©ration antiterroristeâ en TchĂ©tchĂ©nie. Reste que dix soldats de Poutine sont morts et les Russes vont, une nouvelle fois, se venger. Comme Ă chaque fois. Et peut-ĂȘtre mĂȘme quâils ont devancĂ© cette vengeance.Â
Car du cĂŽtĂ© de Kiev, le parquet gĂ©nĂ©ral ukrainien a indiquĂ© sur Telegram avoir dĂ©couvert quatre âsites de tortureâ tenus par les Russes Ă Kherson. Il accuse les anciens occupants de la ville dâavoir dĂ©tenu illĂ©galement et torturĂ© des personnes. "Des morceaux de matraques en caoutchouc, une batte en bois, un appareil utilisĂ© par les occupants pour Ă©lectrocuter les civils, une lampe Ă incandescence et des balles (...) ont Ă©tĂ© saisis". Des dĂ©couvertes qui appuient lâĂ©tude publiĂ©e par lâuniversitĂ© de Yale, vendredi.Â
Le Conflict Observatory, un groupe de recherche du dĂ©partement de santĂ© publique de l'universitĂ© Yale dont le travail est soutenu par le dĂ©partement d'Etat amĂ©ricain, a recensĂ© 226 dĂ©tentions extrajudiciaires et disparitions forcĂ©es Ă Kherson. Un quart de ces 226 personnes ont fait lâobjet de torture, principalement victimes de lâarmĂ©e russe et du FSB. Ils Ă©taient en majoritĂ© des hommes, fonctionnaires, professeurs, policiers ou encore journalistes. Ce qui, pour les chercheurs, montre une campagne âprĂ©mĂ©ditĂ©eâ oĂč les âtraitements cruels, inhumains et dĂ©gradantsâ Ă©taient âgĂ©nĂ©ralisĂ©sâ. Si lâon commence Ă sâhabituer au bilan militaire et au refus de nĂ©gocier, on risque de ne jamais sâhabituer aux tortures de civils. Et câest tant mieux.Â
đïžâ Les infos du jour
Nouvel Ă©change entre Macron et Zelensky: la centrale de Zaporijjia au menu
Le prĂ©sident français s'est entretenu avec son homologue ukrainien sur fond de "menaces" persistantes sur la centrale nuclĂ©aire de Zaporijjia, de nouveau bombardĂ©e ce week-end. "Ă chaque victoire militaire de l'Ukraine, la reconquĂȘte de la rĂ©gion de Kharkiv comme la reprise de Kherson, la Russie rĂ©agit par de nouveaux bombardements des infrastructures essentielles de l'Ukraine", a-t-il dĂ©plorĂ©.
La centrale de Zaporijjia risque un accident nucléaire, selon le patron de Rosatom
Zaporijia toujours. Pendant que Russes et Ukrainiens continuent de sâaccuser mutuellement des bombardements qui ont frappĂ© la centrale, le prĂ©sident du gĂ©ant de l'Ă©nergie russe Rosatom a pointĂ© un ârisque dâaccident nuclĂ©aireâ. Les inspecteurs de lâAIEA nâont pas pu visiter la centrale car la situation y est âtrop dangereuseâ.
Des bombardements à Kherson, des civils évacués en raison du froid
Des nouvelles de Kherson. Ă peine libĂ©rĂ©e de lâoccupation russe, des bombardements ont frappĂ© la grande ville du Sud de lâUkraine, faisant plusieurs blessĂ©s. Les autoritĂ©s ukrainiennes ont Ă©galement commencĂ© Ă Ă©vacuer les civils de la rĂ©gion. La raison? Toujours sans chauffage, lâoblast ne sera pas en mesure de chauffer correctement cet hiver.Â
L'OTAN doit augmenter sa production militaire pour continuer Ă soutenir l'Ukraine
LâAlliance a Ă©puisĂ© une partie importante de ses stocks d'armes et de munitions et devrait augmenter la production pour aider l'Ukraine sur le âlong termeâ, a dĂ©clarĂ© Jens Stoltenberg. Dans le mĂȘme temps, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'OTAN a promis un âengagement encore plus fortâ pour soutenir Kiev face Ă Moscou.Â
đșđŠâ Vu dâUkraine
"Enfin libres!": à Kherson, des familles réunies à la réouverture de la gare
Des larmes, des sourires et des tirs d'artillerie sporadiques entourent le retour d'habitants dans le premier train arrivant Ă Kherson depuis huit mois, oĂč des familles sĂ©parĂ©es par la guerre et l'occupation russe se sont retrouvĂ©es samedi dans cette ville du sud de l'Ukraine. "J'ai promis que je reviendrais. C'est arrivĂ©, alors j'ai tenu ma promesse", dĂ©clare Anastasia Shevlyuga, 30 ans, aprĂšs ĂȘtre descendue du train et avoir retrouvĂ© sa mĂšre. Un reportage Ă lire ici.Â
đ„â La vidĂ©o du jour
Intimider et terroriser. Tels sont les buts de cette nouvelle vidĂ©o de propagande diffusĂ©e par les rĂ©seaux pro-russes. Sur les images, on y voit des mobilisĂ©s russes refusant dâaller au front en Ukraine. Ils sont alors jetĂ©s en prison dans une mise en scĂšne humiliante.Â
đ«đ·â Vu de la CĂŽte dâAzur
Depuis Saint-RaphaĂ«l, une dĂ©putĂ©e ukrainienne lance un appel pour aider son peuple Ă surmonter lâhiver
PrĂ©sente samedi aux "Rencontres de lâavenir" dans le Var, Kira Rudyk a notamment demandĂ© aux pays alliĂ©s, dont la France, des gĂ©nĂ©rateurs Ă©lectriques afin dâaider son peuple Ă se chauffer et sâĂ©clairer. "Pour un enfant, il y a une grande diffĂ©rence entre se cacher dans un bunker froid et sombre, et attendre dans un abri Ă©clairĂ© et chaud oĂč on peut voir un dessin animĂ© ou jouer Ă un jeu sur le tĂ©lĂ©phone", a-t-elle prĂ©cisĂ©. Un article Ă lire ici.
Merci de votre lecture et Ă demain.
Amandine et Damien
Votre titre laisse Ă penser que les accusations des Russes et des Ukrainiens se valent. Or, il n'en est rien. Comme l'a fait observer je ne sais plus quel organisme amĂ©ricain, lorsqu'une accusation de crime est avancĂ©e contre les Ukrainiens, ceux-ci ordonnent une enquĂȘte qui peut conduire Ă des sanctions. Lorsqu'il s'agit des Russes, ceux-ci se retranchent dans le dĂ©ni, quelles que soient les preuves accablantes et multiples. Dans le cas de la centrale nuclĂ©aire, il ne fait aucun doute que les tirs sont d'origine russe : pourquoi diable les Ukrainiens seraient-ils assez stupides pour casser un Ă©quipement qui leur appartient, qui leur est nĂ©cessaire, ce dont les consĂ©quences radioactives les affecteraient eux seuls ?