🇺🇦 "Loukachenko, le toutou de Poutine": le point Ukraine du jeudi 20 octobre

Bienvenue sur le numéro 205 de la newsletter du groupe Nice-Matin consacrée à la guerre en Ukraine.

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L'armée ukrainienne s’inquiète de la “menace croissante” d'une nouvelle offensive russe depuis le Bélarus, alors que Moscou et Minsk ont lancé une “force militaire commune”. Derrière les manœuvres de cette armée totalement inféodée au pouvoir russe, que cache la soumission du président Alexandre Loukachenko à Vladimir Poutine? “Il n’a pas d’autre choix que de suivre”, répond le journaliste franco-biélorusse Andreï Vaitovich dans une interview à la RTS.

S’il oscillait pendant des années entre rapprochement avec l’UE et dépendance à son puissant voisin, Loukachenko a définitivement cessé de jouer sur les deux tableaux en 2020. Après un mouvement de contestation inédit à la suite de fraudes électorales présumées (80,08% des suffrages pour débuter un sixième mandat), il a bien failli faire chuter son régime, en place depuis 1994! La solution du dictateur pour rester au pouvoir: se placer une bonne fois pour toutes sous la protection de la Russie. Le Kremlin a notamment alimenté les services de sécurité du pays, pour mater les rébellions.

Loukachenko a tout récemment musclé sa rhétorique guerrière à l’adresse de sa population. “L’état de menace terroriste élevée” et la crainte d’une invasion ukrainienne de son pays sont ses deux épouvantails favoris du moment. Problème, les contre-pouvoirs biélorusses, de la presse jusqu’à l’opposition, sont beaucoup plus forts que leurs équivalents russes. “La population biélorusse, dans sa majorité, ne soutient pas la guerre. Même les personnes proches du régime sont inquiètes”, explique Svetlana Tikhanovskaïa, issue de l’opposition, dans une interview à Politico.

Plus étonnant, il semblerait que le Kremlin ne sache pas vraiment comment utiliser cette chair à canon peu entraînée. “Je pense que l’état-major russe n’a pas confiance dans l’armée du Bélarus. Ils n’ont pas la certitude qu’ils obéiraient aux ordres”, ajoute Tikhanovskaïa. Compter sur une armée sous-dotée et désordonnée pour continuer une offensive déjà en difficulté n’est sans doute pas la meilleure idée qui soit. Tétanisé par son aura comme d’autres leaders avant lui, Loukachenko mange peut-être dans la main de Poutine… mais ce n’est pas le cas de 9 millions de ses compatriotes.

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🗞️​ Les infos du jour

• 15.000 civils “évacués” de la région de Kherson, Kiev dénonce une “déportation” d’envergure

L'administration d'occupation russe dans la région de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, a affirmé jeudi que 15.000 personnes avaient déjà été “évacuées” de ce territoire annexé par Moscou, officiellement pour fuir l'avancée des troupes ukrainiennes. “L'évacuation dans le calme des habitants de la région de Kherson se poursuit”, a affirmé sur Telegram un responsable pro-russe, Kirill Stremooussov. L’administration russe prévoit de déplacer “50.000 à 60.000” personnes. Mais Kiev dénonce déjà ces mesures comme une “déportation massive” de civils vers la Russie, “afin de modifier la composition ethnique des territoires occupés”.

• Drones iraniens: l'Ukraine salue les sanctions contre Téhéran, Moscou dénonce la “pression” des Occidentaux

Deux salles, deux ambiances. “Je salue l'action rapide de l'UE, à la suite de mon appel lundi, pour imposer des sanctions à l'Iran pour avoir aidé la Russie à tuer des Ukrainiens et à endommager nos infrastructures énergétiques”, s'est félicité jeudi sur Twitter le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba. “Tout ce qui se fait actuellement est subordonné à un seul objectif: mettre la pression sur l’Iran. Et Washington mobilise pour cela les pays de l'Otan et de l'UE pour appuyer sa position”, a fustigé de son côté la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

• A l’approche de l'hiver et avec des infrastructures fragilisées, les Ukrainiens invités à économiser l’énergie

Après que plusieurs frappes russes ont détruit 30% des infrastructures énergétiques de l'Ukraine ces derniers jours, ses dirigeants veulent limiter la consommation en électricité de la population et des entreprises. A Kiev, le maire Vitali Klitschko a exhorté magasins, cafés et restaurants à “économiser au maximum” l’électricité sur les éclairages et la publicité lumineuse. Dans plusieurs autres régions, les autorités locales ont également appelé les habitants à réduire drastiquement leur consommation.

• La Russie discute avec le Comité international de la Croix-Rouge de l'accès aux prisonniers de guerre

La Russie a affirmé jeudi que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) avait l'autorisation de visiter la prison d'Olenivka, où des dizaines de prisonniers de guerre ukrainiens sont morts en juillet dans des circonstances non élucidées, mais que ces visites étaient bloquées par la situation sécuritaire. Depuis la semaine dernière, Kiev accuse le CICR d'“inaction” à l'égard des prisonniers ukrainiens détenus par la Russie, tout en affirmant que l'absence de visites expose les prisonniers au risque de torture.

🇺🇦​ Vu d’Ukraine

Froid, boue... L'hiver qui arrive, redoutable ennemi commun des belligérants

L'hiver approche en Ukraine. La boue, la neige et le froid vont compliquer la tâche des forces ukrainiennes comme de l'armée russe dans les mois qui viennent. Selon les spécialistes, le combat ne sera pas facile au plus fort de l'hiver: les soldats auront froid et il sera plus difficile de maintenir en état leurs véhicules et leurs armes. De plus, la neige va recouvrir les mines, ce qui rendra leur détection plus hasardeuse. Une analyse à lire ici.

🎥​ La vidéo du jour

Un bruit dans la nuit. Terrifiant. Lancinant. Comme on a le sentiment d’en avoir entendu seulement dans les films de guerre. Ce son, qui a tout pour terroriser la population ukrainienne, est celui qu'émettent les désormais fameux drones iraniens de type Shahed, avant de toucher leur cible (souvent prise au hasard) en explosant. De la terreur pure.

Loup Bureau @LoupBureau

Voilà le bruit que fait un drone Shahed, avant de s’écraser sur sa cible. Ce son, c’est aussi un instrument de terreur psychologique. Vidéo prise il y a une heure à Mykolaiev.

🇫🇷​ Vu de la Côte d’Azur

Bataillon Monaco: moi, Anastasia Kotvitska, femme de député, contrôlée avec 30 millions dans mes valises

Anastasia Kotvitska est l’épouse d’Ihor Kotvitskyi, un ex-député et très proche collaborateur de l’ex-ministre de l’Intérieur ukrainien, Arsen Avakov. En mars, à la frontière entre l’Ukraine et la Hongrie, elle s’est fait contrôler avec 28 millions de dollars et 1,3 million d’euros dans le coffre de sa voiture. Lire ici cet épisode de notre série exclusive sur le “bataillon Monaco”, du nom de ces réfugiés ukrainiens VIP qui ont fui la guerre pour se cacher sur la Côte d’Azur.

Merci de votre lecture et à demain!

Félicien